Incertitude sur les marchés, valorisations volatiles… Comment Bernard Arnault mise sur LVMH en rachetant massivement des actions, malgré une chute de 17,3% du bénéfice net en 2024 ? Cette stratégie audacieuse, révélée à contre-courant des tendances, cache une double ambition : saisir des opportunités financières alors que l’action a perdu 5% en janvier 2025, et sécuriser l’empire familial détenu à 48,6% via des holdings comme Christian Dior SE. Décryptage d’un mouvement qui transforme les baisses en levier de pouvoir, entre analyse économique et préparation de succession, alors que Moët Hennessy traverse une crise inédite.
Lvmh en petite forme : quand bernard arnault passe à l’offensive
Le groupe LVMH, pilier du luxe français, subit un ralentissement inédit. En 2025, son chiffre d’affaires recule de 4% au premier semestre, tandis que son action chute de 25% depuis janvier. Ce repli s’explique par la baisse de la demande chinoise, les tensions géopolitiques et une surexposition des marques de luxe. Pourtant, Bernard Arnault, détenteur de 48,6% du capital, agit contre le courant.
À travers ses holdings Financière Agache et Christian Dior SE, la famille Arnault a injecté plus de 500 millions d’euros via des rachats d’actions entre mars et août 2025, dont 22 100 titres à 453,92 euros en août. Ces opérations s’alignent avec un plan global de rachat d’un milliard d’euros par LVMH. Derrière cette stratégie : une double intention, valoriser un cours jugé sous-évalué et renforcer son contrôle sur l’empire de 243 milliards d’euros.
La baisse de 38% du cours sur 12 mois offre une opportunité rare. Les rachats ciblés entre 450-470 euros cherchent à stabiliser le titre, tout en anticipant une reprise en Chine et dans le tourisme. Pour Arnault, ces mouvements traduisent une conviction claire : l’incertitude actuelle est une porte d’entrée pour consolider un héritage, non une menace.
Un contexte boursier et financier qui crée l’opportunité
La douche froide des résultats financiers
Le géant du luxe LVMH a subi un ralentissement inédit. En 2024, son chiffre d’affaires tombe à 84,86 milliards d’euros, contre 86,15 milliards en 2023. Le bénéfice net plonge de 15,17 à 12,55 milliards d’euros, soit une chute de 17,3%. Même le premier trimestre 2025 marque un recul organique de 3%.
Le cours de l’action LVMH sous pression
Les investisseurs ont sanctionné ces résultats décevants. L’action LVMH a perdu 5% en janvier 2025 après la publication annuelle. Ce repli a rendu le titre plus accessible pour les achats massifs, créant une fenêtre stratégique pour les actionnaires de contrôle.
Évolution des performances financières de LVMH
| Indicateur | Année 2023 | Année 2024 | Évolution |
|---|---|---|---|
| Chiffre d’affaires (en Mds €) | 86,15 | 84,86 | -1,5% |
| Bénéfice net (en Mds €) | 15,17 | 12,55 | -17,3% |
| Chiffre d’affaires T1 (en Mds €) | 20,7 (T1 2024) | 20,3 (T1 2025) | -2% |

Derrière ces chiffres se profile une rupture historique. LVMH, longtemps intouchable, voit sa croissance s’éroder dans des segments clés comme la mode (-1%), les montres (-2%) et les vins (-8%). Seuls les parfums (+4%) résistent. Cette dégradation crée une situation paradoxale : un géant du luxe coté à un niveau qui n’était plus vu depuis 2021.
Les signaux d’alerte ne manquent pas : les ventes de champagne chutent globalement, les acquisitions coûteuses pèsent sur la trésorerie, et la « fatigue du luxe » post-COVID se confirme. Les rachats massifs de la famille Arnault, concentrés autour de 450-470 euros l’action, traduisent une confiance stratégique dans la valeur sous-jacente malgré les turbulences. Le paradoxe ? Ce repli boursier, source d’opportunité pour les premiers actionnaires, reflète aussi l’urgence de réinventer un modèle de luxe en mutation.
Des rachats massifs et ciblés : la famille arnault à la manœuvre

Devant la chute de 25 % du cours de l’action LVMH depuis début 2025, la famille Arnault a lancé une offensive stratégique. Ce n’est pas un simple ajustement financier mais une opération militarisée sur les marchés.
Qui achète réellement les actions LVMH ?
Derrière les rachats massifs se cachent des structures patrimoniales rodées. Financière Agache et Christian Dior SE – deux entités sous contrôle familial – orchestrent ces opérations. Ces véhicules permettent d’agir sans exposer directement Bernard Arnault, tout en conservant une visibilité sur le contrôle actionnarial.
L’ampleur des acquisitions en chiffres
Entre mars et juin 2025, plus de 500 millions d’euros ont été déversés sur le marché secondaire. Le 12 août, Financière Agache a absorbé 22 100 actions à 453,92 € pièce, suivie le lendemain par un nouveau prélèvement de 10 933 titres à 457,29 €. Ces interventions ciblées visent à ériger un plancher psychologique entre 450-470 €.
- Opérations via Financière Agache et Christian Dior SE
- Montants dépassant 500 millions d’euros en 4 mois
- Stratégie de rachat contre-cyclique sur les baisses
- Objectif : renforcer un contrôle déjà dominant (46,84% des actions)
Ces mouvements ne sont pas des coups d’épingle isolés. Ils s’inscrivent dans une logique de consolidation familiale, à l’heure où le géant du luxe affronte sa première crise structurelle depuis la fusion Dior-LVMH.
La double stratégie : opportunisme et consolidation du pouvoir
Profiter de la baisse : un signal de confiance absolue
Malgré un recul du chiffre d’affaires en 2024 et une baisse de 16 % du cours de l’action LVMH, Bernard Arnault renforce sa participation. Cette décision s’inscrit dans une logique d’achat à bas prix, avec un pari sur la reprise future. En détenant 48,6 % du capital, il montre sa confiance dans les fondamentaux du groupe, malgré les tensions en Asie et l’évolution des comportements des jeunes consommateurs. En 1989, il avait déjà anticipé en acquérant une « minorité de blocage » pour protéger LVMH. Aujourd’hui, il répète l’approche, en tablant sur une stabilisation du marché.
Verrouiller le capital familial en vue de la succession
Les rachats visent à renforcer le contrôle familial avant le passage de témoin à la génération suivante. Avec 64,3 % des droits de vote, la famille Arnault sécurise son emprise. Les actions supplémentaires limitent les risques d’OPA hostile, essentiel face à la montée des géants tech.
- Le Groupe Arnault contrôle LVMH via Christian Dior SE, structure simplifiée en 2017.
- Les rachats récents augmentent les droits de vote, facilitant les décisions stratégiques.
- Quatre enfants d’Arnault occupent déjà des postes clés, préparant la succession.
Un pari sur le long terme
Bien que certaines divisions pâtissent (vins, horlogerie), LVMH reste un leader. La famille Arnault mise sur une reprise en Asie et l’adaptation du luxe aux nouvelles attentes. Ces rachats illustrent une stratégie patrimoniale : verrouiller le capital pour éviter les conflits internes et pérenniser l’empire. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras qui place LVMH sous le contrôle des héritiers, face à des rivaux comme Hermès ou Prada.

Quelles leçons pour les investisseurs et l’avenir de LVMH ?
Un message clair envoyé aux marchés financiers
La famille Arnault a investi plus de 500 millions d’euros en rachats d’actions entre mars et juin 2025. Ce geste s’inscrit dans un contexte de chute du cours de LVMH (-38% sur 12 mois). Pour les investisseurs, ce signal traduit une conviction solide sur la valeur réelle du groupe malgré les turbulences.
À 474,90 euros par action au 15 août 25, le titre reste éloigné de son pic historique de 904,60 euros (avril 2023). Ces rachats autour de 450-470 euros établissent un plancher psychologique, renforçant la stabilité à moyen terme.
Un empire familial bâti pour durer
Les acquisitions récentes via Financière Agache et Christian Dior SE s’inscrivent dans une stratégie à double détente. LVMH, qui pèse 84,863 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024, reste stratégiquement positionné malgré une baisse de 4% sur 2024.
Les divisions Mode & Maroquinerie (-7% sur le semestre) et Vins & Spiritueux (-8%) subissent les vents contraires. En revanche, Sephora progresse de 2% en organique. Ce contraste illustre la résilience du portefeuille de luxe malgré les défis.
- Une démonstration de confiance dans la valeur intrinsèque de LVMH malgré la baisse actuelle du cours.
- Une stratégie pour renforcer le contrôle familial et assurer la pérennité du groupe.
- Une preuve que la famille Arnault agit contre le courant du marché, transformant les baisses en opportunités.

Bernard Arnault saisit la baisse de LVMH pour renforcer son contrôle familial via des rachats massifs, alliant opportunisme financier et sécurisation dynastique. Un signal de confiance dans la résilience du luxe, transformant chaque action achetée en levier de stabilité boursière et de pérennité patrimoniale, préparant LVMH à des crises avec une gouvernance inoxydable.
